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L'Or rouge

L'Or rouge

« Elle était sereine. Elle n'était plus recroquevillée comme à son habitude, aucunes traces de ses doigts enfoncés dans sa peau, aucuns bleus, aucuns hématomes. Non, ça ne lui faisait plus rien ça. Je pensais que durant mon absence elle serait revenue à la raison mais non! Ses marques anciennes se sont renouvelées, elles sont devenues plus profondes, plus intenses. Elle était alors étendue par terre sur ce sol froid recouvert d'un liquide rouge, le même que celui qui courait le long de ses hanches, ses seins et ses bras. Son corps était marqué de griffures et d'entaillent plus profondes les unes que les autres. Son regard était porter dans le néant, le floue, rougies par les pleurs. Elle pleurait parce qu'elle savait que c'était sa seule issue, le seul moyen pour se délivrer de ses démons, elle attendait sereinement la délivrance. Tous ce sang et ses larmes qui s'étaient mêlés, la rendait resplendissante, ces seuls gouttes rouges l'habillaient et faisaient d'elle une beauté hors normes. On pouvait voir distinctement que sa poitrine se levait sous ses grandes bouffés d'oxygène, elle se concentrait sur sa respiration, sur ses futurs gestes, les paroles qu'elle allait prononcer, rien ne lui importait plus que de se concentrer mais aussi de s'observer, observer son reflet dans cette grande glace recouvrant le plafond. Elle observait l'être qu'elle devenait, son corps couvert d'or rouge, son âme devenant libre dans un futur proche. C'est à ce moment que je me suis demandé comment ce corps si frêle fessait pour vivre dans cette atmosphère d'hystérie et d'automatisme. La beauté s'est retournée et dans un lent battement de cils, elle m'a fixée et m'a adressé un sourire comme je n'en avais plus vue depuis des années. Mais, malgré son sourire, je savais que tout avait disparu, qu'il y avait un champ magnétique m’empêchant d'entrer dans son espace vital, comme si je n'y étais plus convié, comme si son sourire m'était inaccessible, bel ange... »

Roxane Bourçy

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